Les maladies auto-immunes sont la 3ème cause de mortalité dans le monde après les maladies cardiovasculaires et cancers. Si courantes et pourtant si mal connues. On parle de maladie auto-immune quand notre propre corps s’attaque à nos propres cellules et tissus. Les maladies auto-immunes sont très difficiles à diagnostiquer par les médecins, les symptômes étant vastes et parfois semblables à d’autres maladies plus communes. C’est une maladie qui se développe doucement pendant des années et en général il faut environ 5 ans (!) avant qu’on puisse la diagnostiquer, du fait des normes des laboratoires qui ne sont pas adaptées et les médecins pas assez formés à la détection des premiers symptômes. Les statistiques montrent qu’il faut consulter 6 à 10 spécialistes avant qu’elle ne soit diagnostiquée. Rien d’étonnant, vu qu’il n’existe pas de spécialisation médicale concernant le système immunitaire, celui-là même qui est touché. Quand la maladie touche la thyroïde (Hashimoto, Graves Basedow) on dirige la personne vers un endocrinologue, en cas de maladie de Crohn ou de maladie cœliaque vers un gastro-entérologue; la polyarthrite rhumatoïde est soignée par un rhumatologue et la sclérose en plaque par un neurologue. Mais qui va soigner notre système immunitaire complètement perturbé et qui s’ attaque alors à notre propre corps? Les symptômes au niveau des organes et des tissus sont juste un signe de dysfonctionnement de notre réponse immunitaire et il y aurait très peu d’amélioration (voire pas du tout) en ne soignant que la thyroïde, la peau, les articulations ou les autres tissus sans penser à renforcer et rééquilibrer nos défenses naturelles, qui sont la base de tout.
Exemples de maladies auto-immunes:
- maladie d’Hashimoto
- maladie de Basedow
- maladie coeliaque
- maladie de Crohn
- certaines anémies
- lupus
- diabète type 1
- polyarthrite rhumatoïde
- spondyloarthrite enkylosante
- syndrome de Guillain-Barré
- psoriasis
- vitiligo
- sclérose en plaque
- maladie de Biermer
La réponse auto-immune
La question que l’on se pose toujours: pourquoi moi? Les maladies auto-immunes sont un défi pour le monde médical. On sait que la génétique joue un rôle très important dans le développement du processus, mais on lui attribue juste un tiers de la responsabilité. Les deux tiers ce sont les causes environnementales sur lesquelles on peut influer et qui nous permettent (bien sûr dans certaines limites) de prévenir, arrêter ou même mettre en rémission la maladie.
Je vais essayer d’expliquer de façon très simple et compréhensible le fonctionnement de notre réponse immunitaire. Notre système immunitaire réagit toujours de façon très précise. Quand on est exposé à un virus, bactérie, substance étrangère (antigène) notre corps déclenche une réponse immunitaire. Il envoie les anticorps (produits par les lymphocytes B) pour « coller » sur chaque intrus un « indicateur » signalant « corps étranger à détruire ». Le rôle des anticorps s’arrête là. Ils identifient et marquent les cellules à détruire. On les connait aussi sous le nom de marqueurs des maladies car leur niveau indique le risque et le niveau de progression de la maladie. Le dosage des marqueurs n’est pas une technique très précise car ce qui compte ce n’est pas uniquement le niveau d’anticorps, mais surtout ce que notre système immunitaire va faire avec les cellules dangereuses. Si notre système immunitaire est solide il va s’attaquer à ces cellules facilement et rapidement, sinon cela va être beaucoup plus fastidieux ce qui va lui prendre évidemment beaucoup plus de temps sans garantie de réussite. Pour détruire l’intrus notre corps produit les lymphocytes NK (natural killer) et TC (cytotoxiques).
Notre système immunitaire est constitué de deux types principaux de lymphocytes, TH1 et TH2. TH2 « colle l’indicateur » et identifie l’intrus à détruire, et TH1 attaque l’intrus et le détruit. Pour que notre système immunitaire soit en équilibre, ces deux voies doivent être en équilibre. La prédominance de l’un ou de l’autre va mener à un affaiblissement de notre réponse immunitaire et nous prédisposer aux maladies. Pour savoir quelle voie prédomine chez nous il existe des produits alimentaires qui vont stimuler plus TH1 (mélisse, échinacée) ou TH2 (caféine ou thé vert). C’est la raison pour laquelle un produit comme le thé vert, peut être bon pour l’un et très mauvais pour l’autre. C’est parce que chacun a besoin de stimuler l’autre partie de son système immunitaire.
Si on connait ce fonctionnement, comment se fait-il qu’une maladie auto-immune va se déclarer chez une personne et pas chez une autre? Malheureusement il existe un composant sur lequel on n’a pas d’influence: le gène. Il peut y avoir mutation (ou « bug » si on veut être plus clair) du gène qui va réguler la quantité de production de lymphocytes, la réaction d’anticorps ou l’équilibre entre le bras TH1 et TH2 etc. C’est ce gène là qui est responsable de la maladie. Mais la bonne nouvelle c’est qu’on peut influer sur l’activation de ce gène. Le régime alimentaire, l’équilibre hormonal, le niveau de stress, la santé intestinale et la détoxification vont permettre de garder le gène de la maladie auto-immune désactivé. Car une fois le gène activé, il n’est plus possible de le désactiver. Si la maladie est diagnostiquée tôt , il peut être possible de stopper son évolution ou même de la mettre en rémission. Si l’organe était déjà touché mécaniquement (comme par exemple dégâts sur la thyroïde suite à la maladie de Hashimoto) on ne pourra jamais revenir en arrière sur ce point là. Il est inexact de parler de « début de Hashimoto » ou de « petit vitiligo » car dès que l’on remarque un changement au niveau des tissus cela veut dire que le processus est déjà bien installé. Le niveau d’anticorps n’est pas assez précis pour dire à quel point la maladie est avancée. Ce qui est important c’est comment vous vous sentez. Si vous vous sentez plein d’énergie, si vous êtes résistant aux infections, allergies, si vous n’avez pas de problèmes gastriques et que votre apparence confirme votre bonne santé, cela signifie que votre système immunitaire gère bien la maladie. Si vos anticorps sont bas, que vous ne vous sentez pas en forme, il y a certainement un problème.
Quels peuvent être les activateurs de la maladie auto-immune?
Pour activer ces fameux gènes notre mode de vie est primordial. Comme dit précédemment, le régime alimentaire, l’équilibre hormonal, le niveau de stress, la santé intestinale et la détoxification sont primordiaux pour garder un bon équilibre dans notre corps. Mais il existe un autre bouton de démarrage de la maladie que les chercheurs pointent du doigt: infections et parasites. Souvent pendant des années on ne sait pas qu’on est porteur d’un virus, bactérie ou autre. L’intrus est là en silence pendant des années à dérégler notre système immunitaire sans donner de signes ou de très faibles. Après un certain temps, suite à l’affaiblissement de notre système immunitaire (par une infection chronique) la maladie auto-immune démarre. L’intrus peut être aussi beaucoup plus violent et provoquer une activation directement après la contamination.
Voici quelques liens trouvés entre infections, parasites et maladies auto-immunes:
- la borréliose peut provoquer la maladie de Lyme, mais aussi activer l’arthrite rhumatoïde, la schizophrénie ou la sarcoïdose
- chlamydophila pneumoniae provoque des maladies du système respiratoire, mais est aussi lié au syndrome de Guillain-Barré, syndrome de fatigue chronique ou sclérose en plaque chez les personnes avec mutation des gènes
- lamblia fait des dégâts dans le système digestif, mais peut aussi déclencher sclérose en plaque, sclérose latérale amyotrophique ou maladie de Parkinson
- la toxoplasmose est liée à la maladie d’Alzheimer, Parkinson, maladies auto-immunes des intestins
- helicobacter pylori qui provoque une inflammation des muqueuses de l’estomac mais est aussi lié à la sarcoïdose et au psoriasis
- candida, quand trop présent dans notre système digestif, peut provoquer chez environ 10% de la population une hypersensibilité face à la maladie de Crohn, psoriasis, sclérose en plaque, lupus
Comment ces bactéries, virus et parasites qui ont l’air si innocents font-ils pour jouer un rôle dans l’activation de maladies graves et mortelles? C’est par ressemblance. Les virus et les bactéries ressemblent au niveau structurel, moléculaire et fonctionnel aux tissus de notre corps (mimétisme moléculaire). Cela signifie que chez les personnes avec une mutation des gènes, cela peut déclencher une production d’auto-anticorps contre leurs propres tissus. Le corps reconnaît certaines protéines qui lui sont propres comme étant des corps étrangers et va déclencher la réaction auto-immune pour les détruire.
Que peut-on faire pour soigner les maladies auto-immunes et empêcher l’activation des gènes?
On sait déjà qu’on ne peut pas guérir une maladie auto-immune, mais l’on peut mettre en pause les atteintes en cours, et ainsi calmer tous les symptômes. Ceci signifie que l’on peut vivre normalement avec une maladie auto-immune lorsque l’on est prêt à faire des efforts pour contenir l’inflammation, qui est le problème principal. L’inflammation crée les problèmes et symptômes au niveau de l’organe ou du tissu atteint par la maladie auto-immune. C’est un processus assez compliqué et précis, la solution idéale étant de trouver un docteur spécialisé en médecine naturelle et fonctionnelle, une spécialisation très rare et très peu enseignée sur le territoire français.
Un protocole auto- immune contient:
- un régime alimentaire stricte qui contient uniquement: certaines viandes, poissons, légumes, fruits, bon gras, épices et boissons. Le régime peut être allégé au bout de 6 mois avec un réintroduction progressive d’aliments et observation de la réapparition de symptômes. L’objectif est la régénération de notre paroi intestinale qui joue un rôle primordial dans l’activation des maladies auto-immunes et maladies en général. Malheureusement prendre soin de nos intestins veut dire supprimer certaines substances à vie telles que gluten, lactose, sucre etc. On sait que l’intestin perméable est un dénominateur commun des maladies auto-immunes, et d’ailleurs de la plupart des maladies.
- probiotiques puis prébiotiques pour renforcer notre flore intestinale. Des suppléments alimentaires mais aussi de la nourriture fermentée très riche en bonnes bactéries.
- détoxification du corps (toxines, métaux lourds, certains médicaments etc)
- équilibre hormonal de toutes les hormones, et pas uniquement celles secrétées par l’organe touché par la maladie. Bien sûr, si l’organe est déjà détruit en partie (comme dans le cas de la maladie de Hashimoto) il ne pourra plus jamais sécréter la quantité d’hormones suffisantes. Mais si la maladie a été détectée très tôt et que la thyroïde n’est pas encore changée structurellement, on peut tout à fait essayer de rééquilibrer les hormones avec le protocole auto-immune. Seul le médecin, au vu de l’échographie, peut juger si votre thyroïde est toujours capable de produire les hormones suffisantes ou s’il faut mettre en place un traitement hormonal.
- stress (voir l’article sur la thyroïde partie 2)
- activité physique modérée
- suppléments alimentaires adaptés aux besoin de la personne par exemple: vitamines A, D, B, coenzyme Q10, enzymes digestives, betaine HCl, probiotiques, l-glutamine, magnésium, zinc, curcuma etc
Malheureusement les maladies auto-immunes surviennent rarement seules. Une maladie auto-immune risque d’augmenter le risque d’une autre et on entre dans un cercle vicieux. C’est à cause de l’agressivité des maladies auto-immunes que chaque mois compte, et que la rapidité du diagnostic augmente les chances de préserver notre santé.
Relecture par le Xavier Kern.
*Article à visée d’informations uniquement et ne pouvant pas servir pour le diagnostique ou traitement, et ne se substituant pas à une consultation avec un médecin.