Article publié aussi sur le site « Santé, Nature et Innovation » rédigé par Xavier Kern, naturopathe et ingénieur biomédical à Obernai (67210), avec relecture par Jean-Marc Dupuis.
En France comme à l’étranger, un mal apparemment bénin mais survenant très fréquemment, affecte des millions de personnes à travers le monde de façon plus ou moins régulière. Ce mal, malheureusement connu de tous au moins une fois, est le mal de tête. Cependant, de bonnes alternatives à l’utilisation de médicaments à action « chimique » existent, avec des effets formidables. L’huile essentielle de menthe poivrée (mentha piperita est le nom latin que vous allez principalement trouver sur les étiquettes pour définir le type de menthe poivrée) est un exemple intéressant que l’aromathérapie (utilisation de l’extrait aromatique des plantes à visée médicale) peut nous fournir. Ses actions ne s’arrêtent pas uniquement aux céphalées, mais aussi à de nombreux « maux du quotidien » comme les nausées, douleurs articulaires… C’est une des plus anciennes plantes utilisées en médecine depuis maintenant des millénaires et qui a fait l’objet de nombreuses études cliniques et scientifiques (1), (2) pour ses propriétés incroyables.
L’aromathérapie en quelques mots
Vous allez certainement me demander quelle est la définition exacte d’une huile essentielle, même si l’on sait tous plus ou moins ce que c’est, il est intéressant de la définir précisément pour bien comprendre son fonctionnement et ses actions multiples. L’huile essentielle est le principe actif (ensemble des composants possédant un effet thérapeutique) qui est récolté par distillation à la vapeur de la plante fraîche, et qui est donc extrêmement concentré. Il est parfois nécessaire de recourir à plusieurs tonnes de plantes pour obtenir un litre d’huile essentielle (3).
Les huiles essentielles sont souvent mélangées avec des huiles végétales du fait de leur concentration très élevée (je reviendrai plus tard sur les précautions à prendre car il y en a, ce n’est pas anodin). Voici la définition d’une huile végétale (4) « permet une meilleure diffusion gastrique du mélange et diminue l’agressivité possible des huiles essentielles chémotypées sur les muqueuses ».
Les différentes voies d’utilisation des huiles essentielles
Il existe 3 façons différentes de « prendre » des huiles essentielles (le mode d’administration et les doses varient d’une huile à une autre).
- Par ingestion sur du pain complet (à indice glycémique plus bas que le pain blanc, donc à effet anticancer) ou tout autre support. On utilise ici du pain comme intermédiaire pour diminuer la concentration de l’huile (sans diminuer la quantité ingérée) et ainsi éviter tout risque de brûlure interne si l’ingestion est faite directement. Il ne faut pas les mettre dans un liquide car les huiles ne sont pas solubles.
- Par massage sur le corps mais jamais sur une zone trop étendue par l’intermédiaire d’une huile végétale (dilution à 20%, soit 2 gouttes d’huile essentielle pour 10 gouttes d’huile végétale). Le massage est nécessaire car il va permettre au principe actif de pénétrer directement dans la peau et d’aller ensuite dans la circulation sanguine pour produire son effet. L’action est moindre quand l’huile est utilisée dans le bain. Dans la majorité des cas présentés ci-dessous, il vaut mieux appliquer la menthe poivrée directement sur la peau sans une huile végétale pour une action plus directe. Cependant, certaines personnes étant plus sensibles, elles pourront ressentir des brûlures, et dans ce cas précis, mélangez la menthe poivrée avec une huile végétale de millepertuis (dans le cas des maux de tête) ou de l’huile d’olive que vous avez plus facilement à portée de main.
- Cette méthode ne concerne pas ou peu la menthe poivrée, mais il est possible de diffuser les huiles dans les pièces de la maison par l’intermédiaire d’un diffuseur qui mettra en suspension des microgouttelettes (à froid pour éviter de dénaturer les huiles).
Les précautions à prendre avant l’utilisation
En effet, ce n’est pas parce qu’un produit est naturel qu’il ne faut pas faire attention à son utilisation. L’automédication de toutes sortes se développe fortement de nos jours mais cela n’est pas sans risques donc autant se prémunir contre toute déviance possible. Si vous avez le moindre doute, n’hésitez pas à poser des questions à votre pharmacien ou herboriste le plus proche, qui saura vous donner des informations complémentaires.
Du fait de la teneur élevée en principe actif, il est nécessaire de mélanger l’huile essentielle avec une huile végétale, comme vu précédemment, dans la majorité des cas pour éviter de brûler la peau (on voit ici la puissance que peuvent avoir les huiles essentielles avec seulement quelques gouttes). Il ne faut pas non plus appliquer les huiles essentielles sur les muqueuses. Par principe de précaution, il est important de ne pas en donner aux femmes enceintes et aux enfants de moins de 6 ans, du fait de la toxicité potentielle qu’elles peuvent avoir. Il est aussi conseillé de ne pas en faire une consommation trop importante pour les mêmes raisons, et d’espacer les prises en évitant d’en prendre tous les jours sur une durée supérieure à une semaine, surtout dans le cas d’une ingestion. Enfin, il faut savoir rester dans les limites du raisonnable en toutes choses et donc les consommer avec parcimonie.
Il est aussi conseillé de les conserver à l’abri de la lumière pour éviter toute dégradation, à une température constante aux alentours de 20°C, et dans leur flacon d’origine bien fermé. La conservation dans ces conditions est supérieure à 5 ans.
La menthe poivrée, diverses applications pour les maux quotidiens
Maux de tête, nausées, mauvaise haleine, digestion difficile, hypotension… voici une partie des applications multiples de la menthe poivrée, véritable pharmacie à elle seule (en effet, il est toujours bon d’en avoir à proximité).
Dans le cas de maux de tête, il suffit d’en déposer 2 gouttes sur l’index et de se masser les tempes et l’ensemble du front en faisant très attention de ne pas s’en mettre dans les yeux car cela provoque des brûlures (dans ce cas, rincez abondamment à l’huile d’olive, par exemple, et demandez conseil rapidement à votre pharmacien/médecin). Il provoque un effet vasodilatateur (dilatation des vaisseaux), ralentissant la circulation sanguine donc provoquant un effet calmant. Le résultat est rapide (au bout de quelques minutes déjà vous allez ressentir les premières sensations de froid) et surtout, c’est ce qu’on lui demande, vous en percevrez l’efficacité. Dans la continuité des applications de la menthe poivrée, une autre huile essentielle a un effet fantastique (et le mot n’est pas exagéré) sur les maux de tête, c’est l’huile essentielle de gaulthérie, qui mélangée avec de l’huile végétale de millepertuis, a un effet à la fois rapide et très efficace.
Dans les cas de mauvaise haleine, nausées (d’une efficacité incomparable) et problèmes digestifs de tous ordres (vomissements, flatulence, digestion difficile…;), mettez-en une à 2 gouttes sur du pain complet et mangez le tout (ne pas dépasser 3 prises par jour). L’effet est quasi immédiat et vous allez avoir une haleine fraîche pendant plusieurs heures (oui vous lisez bien, plusieurs heures, et aucun « bonbon » ou autre « médicament » vendu contre la mauvaise haleine, ne sera aussi efficace et d’une durée aussi longue). Vous pouvez même effectuer un test intéressant : massez-vous lavoûte plantaire en mettant de l’huile essentielle de menthe poivrée, et au bout de quelques minutes, vous aurez une haleine de menthe tellement la diffusion dans le corps est importante.
Contre la toux, il est possible d’appliquer en massage 2 gouttes de menthe poivrée sur le thorax pour libérer les bronches du fait de l’action du menthol contenu dans l’huile.
Il possède aussi une application contre les traumatismes bénins par massage sur la zone concernée, comme énoncé dans le magazine professionnel, Profession Kiné (5) « le mécanisme d’action du menthol, en déclenchant une sensation de froid, entraîne une analgésie (interruption de la douleur) locale significative d’ailleurs appréciée de tous les kinés du sport ayant à soulager rapidement les compétiteurs sportifs souffrant d’un traumatisme bénin. »
Je vous recommande l’utilisation d’huiles essentielles BIO, car il est préférable d’éviter le plus possible tout contact avec des agents chimiques d’autant plus qu’elles vont être ingérées, appliquées sur la peau ou respirées. Vous pouvez acheter ces produits BIO dans les magasins Nature et Découvertes, mais aussi dans la plupart des magasins BIO, herboristeries et pharmacies. Le prix est très raisonnable puisque un flacon contenant 10 ml (environ 200 gouttes) de menthe poivrée coûte 5 à 6 euros, et en formule BIOlogique environ 13 euros, et avec cette contenance vous en avez pour au moins un an d’utilisation.
Les multiples applications de l’aromathérapie
Il existe, en effet, une huile essentielle pour la majorité des maux du quotidien. Attention cependant, à ne pas substituer votre traitement médical par des huiles essentielles sans en avoir parlé au préalable à votre médecin, car lui seul sera à même de savoir s’il est possible de modifier votre traitement par un autre. La médecine traditionnelle est formidable mais ne remplace pas non plus la médecine conventionnelle, elle intervient en complément. Un bon équilibre et une bonne hygiène de vie permettent d’optimiser nos « chances » d’être en bonne santé.
La menthe poivrée a donc encore de longs jours devant elle, vu la multitude de propriétés médicales qu’elle possède et les études scientifiques qui en valident les actions.
- Göbel H et al. Effect of peppermint and eucalyptus oil preparations on neurophysiological and experimental algesimetric headache parameters. Cephalalgia, 1994, 14:228-234
- Dew MJ, Evans BK, Rhodes J. Peppermint oil for the irritable bowel syndrome: a multicentre trial. British Journal of Clinical Practice, 1984, 38:394, 398
- Tiré de Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Huile_essentielle
- Tiré du guide les « Huiles essentielles chémotypées » de A. Zhiri, D. Baudoux et M. L. Breda aux Editions Inspir Development
- « Profession Kiné » de septembre – octobre – novembre 2011 par le Michel Faucon, pharmacien aromatologue, pages 60 à 62
Pour plus d’informations : https://apps.who.int/medicinedocs/en/d/Js4927e/20.html (site en anglais)